23

« Et le démon qui les avait trompés fut précipité dans le lac de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète et où ils souffriront nuit et jour jusqu’à la fin des temps. »

 

Apocalypse de saint Jean, XX, 10

 

— Vite, le site de lancement... Dans quelle direction ?

Baruch élevait la voix pour dominer le grondement du moteur de la Gazelle.

— Il est trop tard, cria Holly en réponse. Il ne reste que vingt secondes.

Assise dans le cockpit à côté de l’Israélien, elle tirait sur sa manche pour se faire comprendre, mais il semblait déterminé.

— Quelle direction ?

Il désigna un point.

— Vers les falaises... Là, la zone de broussailles !

Baruch arracha l’appareil du sol et le lança vers la mer à basse altitude. L’Israélien se concentrait sur le pilotage, heureux du rugissement du moteur, de l’odeur d’essence et des instruments du tableau de bord qui chassaient les images de son cauchemar. Il sentait ses forces s’amenuiser rapidement, et il se mit à dodeliner de la tête. L’hélicoptère se rapprocha dangereusement du sol et Holly saisit l’Israélien par l’épaule.

— Là, fit-elle, derrière la remise.

Baruch fit virer l’appareil et atteignit la zone couverte de buissons. Le puits était dégagé de son filet de protection et il mit la Gazelle en stationnement à moins de trois mètres du bord. Sans accorder la moindre attention à la jeune femme, il hurla :

— Sautez !

Holly le regarda d’un air éberlué.

— Qu’est-ce que vous allez...

— Sautez ! répéta-t-il en la poussant violemment contre la portière.

Elle comprit soudain ce qu’il allait faire et vit que c’était la seule solution. Ils ne les arrêteraient pas avec un simple pistolet-mitrailleur.

— Dehors ! Sautez ! cria-t-il avec une nouvelle bourrade.

Cette fois elle déverrouilla la portière de plexiglas et se lança dans le vide. Le sol n’était qu’à deux mètres cinquante sous le ventre de l’appareil, et elle se reçut sans dommage. Elle roula sur elle-même et le souffle des rotors la plaqua au sol. Elle releva la tête au moment ou l’hélicoptère se positionnait au-dessus du puits. Pendant une fraction de seconde il resta immobile puis il descendit à la verticale.

 

Le major Brannigan regardait l’aiguille des secondes sur la pendule. Il se sentait l’esprit et le corps aiguisés par cette opération militaire qui allait changer le cours de l’histoire. Lui et les techniciens étaient réunis dans le petit poste de contrôle installé au pied du puits. Une épaisse plaque d’acier montait jusqu’à un mètre du sol pour les protéger lors de la mise à feu du missile. Il jeta un rapide coup d’œil dans le puits pour s’assurer que tout était en ordre. Personne ne se trouvait sur l’escalier en spirale, et l’aire de lancement était dégagée. En son centre le missile sol-air avait été relevé dans sa position de tir. De forme il ressemblait au GOA soviétique, mais il avait été fabriqué par l’usine de Gant pour des performances bien précises.

— Brouillage grandes ondes ? s’enquit-il par-dessus son épaule.

Le technicien assis devant le panneau de contrôle consulta un écran.

— En marche, Sir.

Grâce à ce système, aucune station de radar ne pourrait détecter le missile.

— Cible à portée ?

— Cible sur écran. Faisceau directeur calé.

Brannigan émit un grognement satisfait. Le missile atteindrait à coup sûr le jet du vice-Président. Grâce à Cutbush, ils connaissaient le couloir aérien et l’horaire de l’avion. L’opération ne pouvait pas échouer. Il leva les yeux vers l’ouverture circulaire du puits et tendit l’oreille une seconde. Il lui avait semblé entendre le chuintement d’un hélicoptère, mais le grondement de la mer qui se répercutait dans la grotte rendait toute certitude impossible. Il consulta la pendule. Le moment n’était plus aux questions : plus que cinq secondes.

— Prêts, lança-t-il en s’abaissant un peu derrière l’énorme plaque d’acier.

Devant son pupitre, le technicien approcha l’index d’un bouton rouge.

— Trois, deux... (Brannigan décomptait les secondes à haute voix.) Un... Mise à feu !

Le doigt du technicien écrasa le bouton rouge. La charge d’allumage du missile se déclencha aussitôt, et un torrent de flammes, de vapeur et de fumée se déversa de sa base dans un grondement apocalyptique.

Alors qu’il commençait son ascension Brannigan leva les yeux vers le sommet du puits. Il eut le temps de se demander ce qu’il se passait avant que l’hélicoptère ne plonge à la rencontre du missile. L’explosion créa une boule de feu qui ravagea instantanément la grotte.

 

Steadman regarda l’obscénité assise sur le siège et sentit un frisson glacé courir le long de son dos et se refermer sur sa nuque. La révulsion hérissa sa peau et l’envie d’uriner fut presque incontrôlable. Il essaya de reculer, de s’écarter de la créature, mais celle-ci sapait ses forces comme elle s’était appropriée celles de Kristina jusqu’à la tuer. A présent l’entité faisait la même chose avec lui.

La tête se pencha en avant et Steadman frissonna en voyant un minuscule ver blanc se tordre sur la joue avant de tomber sur le sol. Une main squelettique s’abaissa, et il eut un hoquet d’horreur en imaginant le contact de ces doigts enrobés de chair pourrie. Mais il comprit soudain que la chose ne cherchait pas à le toucher. Elle voulait ramasser la Lance de Longinus déposée à ses pieds. Or Steadman sut qu’elle tirerait une force énorme de la relique si elle parvenait à l’atteindre. Ensuite, elle s’en servirait contre lui, et cette fois il ne pourrait éviter la mort.

Avec un cri de rage il plongea vers le sol et saisit la Lance au moment où les doigts l’effleuraient. Le simple contact brisa net un des doigts qui tomba sur le carrelage.

Steadman ramena la Lance à lui et la serra contre sa poitrine. Il sentit une énergie nouvelle courir en lui et, malgré la torpeur qui embrumait ses pensées, il réussit à se relever et à reculer. Il buta contre le corps de Kristina, tomba lourdement à la renverse et la Lance lui échappa. La faiblesse l’enveloppa aussitôt, ouatant ses mouvements et ses réactions. Il rampa jusqu’à la relique et la saisit de nouveau. Derrière lui, le corps en décomposition s’était levé du siège et marchait dans sa direction, un bras tendu, la bouche ouverte. La créature le poussait à lui rendre la Lance et à se donner à son embrassade.

Avec un cri de désespoir, Steadman tituba vers l’autre entrée de la crypte et gravit les marches. Il arriva en chancelant devant une porte close et tourna la clenche avec frénésie, mais rien ne se produisit. Il sentait la chose qui montait les marches derrière lui, implacable.

Il s’écroula à demi contre le battant et ses doigts accrochèrent la clef rouillée dans la serrure. Il essaya de la tourner mais elle résista. Une ombre sinistre tomba sur lui et il refusa de se retourner, certain que la vision de la chose lui enlèverait tout ce qui restait de ses moyens. L’odeur de putréfaction emplit ses narines, et il eut soudain envie de se rouler en boule sur le sol et de tout oublier.

Mais il lâcha la Lance et referma ses deux mains sur la clef. Il mit toute sa force pour imprimer la torsion, et le mécanisme rouillé céda d’un coup. Il repoussa le battant au moment où une main osseuse se posait sur son épaule. Il se dégagea d’une saccade, ramassa la relique et plongea dans les ténèbres devant lui.

Maintenant, un air frais venu du monde extérieur remplaçait l’air vicié de la crypte. Il inspira à pleins poumons et se redressa en tâtonnant. Derrière, lui, la créature s’encadra dans l’ouverture de la porte, puis le courant d’air repoussa le battant derrière ce qui avait été Heinrich Himmler. Ils étaient tous deux dans l’obscurité. Ses doigts touchèrent un mur et il avança en se guidant ainsi. Des toiles d’araignées enveloppèrent son visage et il chassa le contact avec un frisson de répugnance.

Devant lui, un son étouffé fit vibrer l’air et le sol trembla sous ses pieds. Il perdit de nouveau l’équilibre et tomba à genoux sans lâcher la Lance. Quand il se redressa, une pensée horrible lui traversa l’esprit : il avait perdu tout sens d’orientation. Dans quel sens se dirigeait-il ? Peut-être vers la créature qui le pourchassait, il ne pouvait avoir aucune certitude. Il s’immobilisa et tendit l’oreille. Un frottement sur sa gauche le poussa vers la droite. Ses mouvements étaient lents, comme freinés par une force invisible, mais il ne cessa pas son effort. L’air frais qui balayait son visage lui redonna un peu d’espoir. Son pied buta contre la première marche et il gravit lourdement les degrés, soutenu par l’idée que cet escalier remontait vers la surface.

Chaque geste devenait plus difficile, comme si la créature qui le suivait utilisait toute son influence pour le retenir. Il s’écroula une fois, et le contact des doigts cadavériques sur sa cheville lui arracha un cri horrifié. L’adrénaline brûla dans ses veines et lui donna la force d’échapper à la prise. Il se releva et continua sa progression en ahanant. Derrière, l’abomination progressait toujours dans les ténèbres.

Le sol devint soudain plat et Steadman comprit qu’il avait atteint le niveau de l’extérieur. Devant lui, à ras de terre, une barre argentée d’un mètre vingt luisait doucement. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c’était là l’éclat du clair de lune passant sous une porte. Avec une exclamation d’espoir il se lança en avant et cogna durement contre le battant clos. Ses doigts trouvèrent la serrure et la clenche qu’il fit aussitôt tourner, mais sans résultat. La porte était, elle aussi, fermée, mais aucune clef ne se trouvait dans la serrure. Il se jeta rageusement contre le battant, mais même si le bois était vermoulu il n’avait pas assez de force pour le faire céder. Il se retourna et la lueur diffuse de la lune sous le bas de la porte révéla la silhouette qui émergeait lentement de l’escalier.

Pris de panique, Steadman frappa le bois avec la Lance, et le son lui donna une idée. Il inséra la pointe de la relique entre le panneau et le chambranle et fit pression de tout son poids. Avec un craquement paresseux, le bois à demi pourri céda au niveau de la serrure. Il repoussa la porte et fit un pas à l’extérieur.

Le vent frais de la nuit balaya l’odeur nauséeuse qui le poursuivait, mais la force du vent le déséquilibra et il roula sur l’herbe humide avant de se relever, courbé en deux pour lutter contre les bourrasques. Devant lui, dans les ténèbres de la nuit, d’immenses flammes jaillissaient du sol, de façon inexplicable. Sans chercher à comprendre il se dirigea vers elles. Un coup d’œil pardessus son épaule l’informa comme il s’y attendait que la créature le suivait toujours. Elle venait de sortir de la remise et avançait d’un pas d’automate. L’incendie teintait de rouge sombre son uniforme noir. Steadman comprit que cette chose infernale ne le voulait pas seulement lui, mais aussi et surtout la Lance. Elle en avait besoin pour exister.

La relique serrée contre sa poitrine, il avança vers le brasier, sans même remarquer les buissons qui le griffaient au passage. Le Reichsführer l’imita, et les épines arrachèrent des lambeaux de peau putréfiée, découvrant les os blanchâtres. Mais il ne ralentit pas.

Le détective atteignit enfin le bord du puits. La chaleur y était intolérable, et il lui tourna le dos pour affronter la chose qui se dirigeait vers lui. Il savait qu’il ne pouvait plus lui échapper, mais il était décidé à la combattre et, s’il ne pouvait la vaincre, à se précipiter avec elle dans les flammes.

Le corps d’Heinrich Himmler avança vers lui et Steadman contempla un instant ce visage de cadavre à l’œil unique, l’autre pendant sur la joue. Le pince-nez avait été arraché par le vent, et la bouche s’ouvrait toujours sur un cri horrible et muet. Des lambeaux de peau pendaient des joues, flottant dans l’air de façon obscène. L’horreur inhumaine tendit les bras vers le détective, s’approchant comme pour l’embrasser, et, une fois de plus, Steadman sentit ses forces l’abandonner. Les griffes osseuses se refermèrent derrière sa nuque et l’attirèrent vers le visage de mort, pour un baiser immonde.

Le crâne explosa soudain sous une pluie de balles, projetant en l’air une fine poussière grise et des morceaux d’os et de chair putréfiée. Steadman s’écarta et sentit ses forces revenir. Il tourna la tête et vit Holly à trois mètres de lui, un genou à terre et le pistolet-mitrailleur braqué. Sur son visage ne se lisaient que la peur et l’incompréhension. Le détective entendit des détonations au loin, et il vit les Forces spéciales qui donnaient l’assaut à la maison d’Edward Gant. D’autres soldats couraient vers eux.

De façon incroyable, le corps sans tête de Heinrich Himmler restait debout. Ses mains avaient glissé du cou de Steadman à son dos, et elles imprimèrent soudain une traction violente comme pour souder son corps au cadavre. Le détective résista et il agit par instinct : avec un cri de rage, il plongea la Lance dans la poitrine décharnée de cette chose qui avait été le Reichsführer.

Le métal de la relique s’enfonça profondément dans les chairs pourries, et un hurlement horrible déchira l’esprit de Steadman. Il accentua encore sa pression sur la Lance, repoussant l’abomination vers le brasier. La chaleur était intolérable, mais le détective la sentait à peine. Le dos de l’uniforme se mit à fumer, puis des flammèches léchèrent le tissu moisi. Steadman avança encore d’un pas, et les bottes de cuir noir dérapèrent une fraction de seconde au bord du puits.

Brusquement la forme noire bascula à la renverse et disparut dans le brasier.

Steadman oscilla un instant au bord du gouffre, et toute la puissance de la Lance se déversa en lui. Quelque chose l’avait poussé à retenir la relique quand le cadavre de Heinrich Himmler était tombé, quelque chose qui lui donnait maintenant la conviction de détenir la clef des révélations recherchées par tous ceux qui désiraient le pouvoir et la gloire.

Dans le brasier il vit le combat de la Lumière et des Ténèbres, du Bien et du Mal qui s’affrontaient pour diriger le destin de l’humanité. Durant ces quelques secondes la bataille se déroula devant lui, une bataille éternelle qui n’avait jamais lieu dans le passé ni le futur mais toujours dans le présent.

Holly cria son nom en le voyant osciller au bord du puits. Elle essaya de l’atteindre mais ses mouvements étaient étrangement freinés, comme si toutes ses forces étaient drainées hors d’elle. Il leva les bras au-dessus de sa tête et elle vit qu’il tenait un long objet effilé. Une radiance bleutée semblait s’en échapper, un halo d’énergie clairement visible sur le jaune des flammes et qui descendit le long de son corps pour le nimber entièrement.

Holly l’appela de nouveau, et elle se demanda s’il pouvait l’entendre. Le corps du détective paraissait s’être tétanisé dans un combat intérieur. Elle crut l’entendre hurler quelque chose avec rage, puis il se courba en arrière et, dans un effort qui semblait terrible, il jeta l’objet dans le brasier.

Les flammes avalèrent la Lance, et Steadman eut alors la certitude qu’elle y disparaîtrait. Il pria pour que ses pouvoirs s’y évanouissent eux aussi.

Le feu perdit soudain son intensité, et les flammes ne furent plus que des langues jaunâtres et glacées qui s’élevaient dans l’air. Steadman recula devant ce froid subit, et Holly se précipita vers lui. Il baissa les yeux vers elle et, pendant une fraction de seconde, son regard fut lointain, étranger. Puis la joie et le soulagement firent briller ses prunelles et il la serra contre lui de toutes ses forces retrouvées. Elle l’embrassa de la même manière, et tous deux sentirent l’amour qui les unissait.

La chaleur du brasier revint d’un coup, et ils s’écartèrent rapidement de la fournaise. Il s’appuya sur elle, soudain conscient de ses blessures et de sa fatigue. Mais c’étaient des sensations qu’il accueillait avec joie, car elles étaient réelles, logiques.

Quand les premiers soldats arrivèrent, ils se tenaient étroitement enlacés et contemplaient les flammes qui montaient dans la nuit. Quelque part dans le ciel, ils perçurent le bourdonnement d’un avion. Et les commandos se demandèrent pourquoi le couple souriait en levant les yeux vers le ciel enténébré.



[1] Notre Parsifal est curieux et impatient (Trad non présente dans le livre)

[2] Maintenant vous douter de la parole des prophètes? (Trad non présente dans le livre)

[3] Le plus haut gradé de la police, dans une région administrative donnée de Grande-Bretagne. Un peu l’équivalent de notre préfet.

[4] C’est le Parsifal vivant ? (Trad non présente dans le livre)

[5] Oui, mon Reichsführer, c’est notre ennemi. (Trad non présente dans le livre)

[6]Herr Reichsführer, Puis-je demander respectueusement que l'on parle en anglais ? De nombreux membres de notre ordre ne comprennent pas notre langue. (Trad non présente dans le livre)

[7] Je le comprends (Trad non présente dans le livre)

[8] Adolph, Oui, cher Adolph. Où est-il maintenant ? Pas avec nous. (Trad non présente dans le livre)

La lance
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